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Coronavirus, 'la maladie des blancs'.

Bienvenu Kokou AGBAVON Bienvenu Kokou AGBAVON Suivre 8 Mars 2021 · 14 minutes de Lecture.
Coronavirus, 'la maladie des blancs'.
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Le 16 Novembre 2019, le nouveau coronavirus apparaît officiellement① sur le marché de Wuhan en Chine. Le passage de ce virus de la chauve-souris à l’homme, longtemps attribué à tort à une mutation chez le pangolin, est toujours mal documenté à ce jour. Parti de Chine, obligeant la mise en quarantaine de toute la ville de Wuhan, le virus a voyagé et est aujourd’hui présent sur tous les continents. Seuls 9 pays sur 203 (dont 7 îles en Océanie, plus la Corée du Nord et le Turkmenistan) n’ont pas encore à ce jour - début mars 2021 - officiellement recensé de cas de contamination au nouveau Coronavirus.

Parti de Chine.

La Chine, a dans un premier temps minimisé l’épidémie, puis essayé de dissimuler coûte que coûte les informations relatives à sa propagation. Prenant conscience de la catastrophe sanitaire qui couvait, le gouvernement chinois a ensuite pris les mesures nécessaires (confinement total et ferme, construction d’hopitaux, etc.) pour totalement enrayer l’épidémie. Quelques mois après le début de l’épidémie, grâce aux mesures prises, les nouveaux cas de coronavirus provenant de l’extérieur (retour des citoyens chinois par exemple) ont surpassé les nouvelles contaminations recensés dans le pays. La Chine avait réussi à inverser la courbe. Il ne lui restait plus qu’à controller ses flux migratoires.

Ripostes par continents

Le 11 mars 2020, le Coronavirus est officiellement recensé comme une pandémie car elle est déjà présente sur tous les continents. En janvier 2021, la barre des 100 millions de cas cumulés est franchie dans le monde, et 2,5 millions de personnes sont décédées après avoir contracté le virus.

Vidéo de la Propagation du nouveau Coronavirus sur tous les continents.

Que ce soit à l’OMS, dans l’Union Européenne, ou les pays d’Amériques, le nouveau coronavirus a d’abord été perçu, comme une excentricité “chinoise” ou d’Asie de l’Est. Seuls quelques états, comme le Taiwan ou la Corée du Sud ont, au vu de leurs expériences, pris au sérieux très tôt la menace et pris les mesures qui s’imposaient pour minimiser les dégâts.

A l’inverse , les premières inquiétudes se sont portées vers les pays du tiers monde, qui pourraient se voir submerger par un virus aussi contagieux et avec un taux de mortalité très élevé.

Près de 18 mois après le début de la pandémie, on peut commencer par tirer les premières conclusions de la pénétration du virus dans les différentes parties du globe.

Début Mars 2021 : répartitions du nombre de cas et de morts de la pandémie sur les différents continents.

  • Europe (740 millions d’habitants) : 35 millions de cas (4% de la population), plus de 800.000 morts.

  • Amérique du Nord (500 millions d’habitants) : 34 millions de cas (7% de la population), plus de 750.000 morts.

  • Asie (4,3 milliards d’habitants) : 25 millions de cas (4% de la population), plus de 400.000 morts.

  • Amérique du Sud (415 millions d’habitants) : 18 millions de cas (0.5% de la population), près de 500.000 morts.

  • Afrique (1,4 milliards d’habitants) : 4 millions de cas (0.2% de la population), plus de 100.000 morts.

  • Océanie (38 millions d’habitants) : 50.000 cas (0.1% de la population), plus de 1000 morts.

Répartition des cas par Continent

Répartition des cas par Continents.

Répartition des morts par Continents

Répartition des morts par Continents

L’Europe est le continent ou la pénétration de l’épidémie est la plus importante, avec plus de 10 pays dont le nombre de cas recensés dépasse le million. On observe une certaine homogénéité également en Asie.

Mais sur les autres continents, les variations du nombre de contaminations d’un pays à un autre sont importantes, d’un continent à un autre. C’est le cas en Afrique, où L’Afrique du Sud concentre à elle seule près de 40% des cas de contamination du nouveau coronavirus.

Sur le continent africain particulièrement on peut délimiter 3 zones différentes :

  • L’Afrique du Sud : 50% des décès observés sur le continent.

  • L’Afrique du Nord : 35% des décès observés sur le contient.

  • Les autres pays d’Afrique subsahariens : 15% des décès observés sur le continent.

L’Afrique, épargnée.

Courbe de l'évolution des morts par million de population.

Courbe de l’évolution des morts par million de population.

Lire : L’OMS encourage l’Afrique à trouver des remèdes naturelles au COVID19.

En parcourant les chiffres et les courbes du Coronavirus, un constant important ressort : l’Afrique est le seul continent relativement épargnée par la maladie à Coronavirus. Des 5 grands continents, en considérant la superficie et le nombre d’habitants, c’est de loin, le continent avec le plus faible taux de de personnes contaminées et décédées du virus

Ces faibles chiffres avaient tout d’abord mis de cours l’OMS et la communauté internationale qui avait prévu une veritable hécatombe pour l’Afrique.

Plusieurs spécialistes et scientifiques du monde se sont penchées sur les véritables raisons qui pourraient expliquer cette résistance de l’Afrique face au virus, laissant aux populations africaines le soin d’élaborer les causes méta-physiques.

Des résultats de leurs études ressortent 3 grands ensemble de facteurs qui pourraient expliquer l’exception Africaine.

Mode de vie.

Le premier ensemble de mesures évocables correspondent à la différence entre le mode de vie occidentale et le mode de vie en Afrique.

  1. Les Africains ne voyagent pas énormément.

Aliko Dangote, avait déclaré avoir besoin de 38 visas pour voyager sur le continent. Les Africains peuvent voyager sans visa dans seulement 22% des autres pays africains. Dans la mesure où le virus s’est d’abord déclaré en Chine, ce sont les déplacements, essentiellement en avion qui ont propagé le virus dans le monde entier. Donc qui dit moins de déplacements inter-etats dit moins de propagation du virus. C’est ce même facteur qui explique pourquoi l’Afrique a été le dernier grand continent atteint par le COVID.

  1. Prévoyance.

Du premier facteur découle un second facteur. Les Africains ont vu l’épidémie venir et ont appris des erreurs des autres continents. Ainsi, très tôt de nombreux frontières ont été fermées, et un confinement partiel ou total a été adopté dans la majorité des pays d’Afrique.

  1. Comorbidités.

Plusieurs facteurs sanitaires (obésité, diabète, maladies cardio-vasculaires, etc) augmentent les risques du patient atteint par le Coronavirus de développement des formes graves.. La population des pays occidentaux, est généralement très sujette à ce type de complications (35% de taux d’obésité aux Etats Unis, 25% en France).

La sédentarisation augmentant, de plus en plus de ces complications sanitaires s’observent également en Afrique.

  1. Soutien de la population.

Les sociétés africaines sont encore très liberticides. Donc elles n’ont que le choix de se conformer exactement aux mesures décidées par leurs gouvernements. C’est cette même discipline qui a permis assez rapidement à la Chine d’enrayer la propagation exponentielle du virus. A l’inverse des sociétés occidentales ou ces mesures ont reçu beaucoup de contestations, et où des manifestations ou des actions en justice ont été entrepris pour dissuader ces décisions ou les faire annuler.

Par ailleurs de nombreuses initiatives solidaires citoyennes ont vu le jour dans les sociétés africaines, pour palier à réduire la propagation du virus où aidé à réduire ces dégâts chez les populations les plus défavorisées.

  1. Pollution de l’air.

De plus en plus de scientifiques admettent que : le rôle des concentrations élevées en particules fines dans l’air pourrait être l’un des facteurs déterminants majeurs tant dans la transmission que dans la survenue des formes graves du Covid-19②.

Facteurs démographiques et géographiques

  1. Jeunesse de la population.

Comme expliqué ici, 50 % de la population Africaine a moins de 25 ans. Hors le virus entraine des complications, essentiellement les personnes âgées.

  1. Concentration démographique dans certaines zones.

Les grandes mégapoles à cause de facteurs inhérentes à leurs structures démographiques (densité de population élevée, logement moins espacé, contact plus fréquents…) sont de véritables nids à transmission du Covid-19. Or l’Afrique détient à peine 10 % des plus grandes agglomérations urbaines du monde.

  1. Climat.

Une étude menée par des chercheurs de l’université du Maryland aux États-Unis établit une corrélation entre la température, l’humidité et la latitude, et la propagation de Covid-19.

Nous avons examiné la propagation précoce [du virus] dans 50 villes du monde. Le virus se propageait plus facilement lorsque les températures et l’humidité étaient plus basses. Non pas qu’il ne se répande pas dans d’autres conditions, mais il se propage mieux lorsque la température et l’humidité baissent.

Une prédisposition Génétique présente partout, sauf en Afrique

Le dernier argument, le moins évoqué et pourtant l’un des plus significatives est le facteur génétique.

Plusieurs études ont confirmé qu’un ensemble de gênes étaient récurrents chez les patients développant les formes les plus graves de la maladie (insuffisance respiratoire). En comparant les gênes des personnes atteintes gravement et de celles n’ayant pas développé de formes graves, deux régions d’ADN associées à des cas sévères de Covid-19 ont été identifiés. Les études ont porté en tout sur près d’un million d’individus.

Ces gênes identifiés, et mis en cause dans le développement des formes graves, sont tous hérités d’un ancêtre commun à tous les européens et asiatiques : le Neanderthal. Pour rappel le Neanderthal est une espèce d’hominines (se rapprochant de l’homme) qui a cohabité en Europe et en Asie avec l’Homo Sapiens. Du croisement de ces deux espèces, est né l’Homme européen et l’Homme asiatique. Pour rappel les américains (du Nord comme du Sud, hormis les autochtones), sont issues d’une vague successive d’européens à la conquête du nouveau monde dès le début du second millénaire.

Les européens sont donc génétiquement constitué de 20% de gênes héritées de Neanderthal ; en Asie, ce pourcentage est autour de 50%. Il n’y a que les populations Africaines noires qui sont totalement exempte de gênes du Neanderthal.

Pour corroborer cette thèse, une autre étude a montré que la population d’origine bangladaise au Royaume Uni a un risque environ deux fois plus élevé de mourir du Covid-19 que le reste de la population. Pourquoi ?

Parce le Bangladesh est le pays d’Asie avec la fréquence la plus élevée de gênes héritées de Neanderthal. Près 63% de la population porte au moins une copie des gênes néandertalien mis en cause dans le développement des formes graves.

Le facteur génétique permet donc d’expliquer la fréquence élevée de formes graves du Covid-19 (donc de décès) chez les populations d’Europe, d’Asie, et d’Amériques.

Quand une longue séquence d’ADN est bien conservée et se retrouve partout dans la planète, sauf en Afrique, elle vient probablement des Néandertaliens. On a vu que cette région génétique avait cette distribution particulière, donc on s’est dit : et si c’était Néandertal ? Cette séquence d’ADN, se retrouve chez 50 % des personnes d’Asie du Sud, 16% des Européens, ainsi qu’en Amérique (4 %) et en Océanie, mais presque pas en Afrique.

Coronavirus, “la maladie des blancs”.

Tous ces facteurs mis bout à bout, explique la très difficile pénétration de l’infection en Afrique. Parce que concrètement tout était réuni en Afrique pour assister à une catastrophe comme c’est le cas dans certains pays d’Amérique du Sud comme le Mexique ou l’Equateur.

Coronavirus: En Equateur, les morts jonchent les rues de la ville de Guayaquil

Est ce donc surprenant que le pays d’Afrique le plus touché soit l’Afrique du Sud, la société la plus occidentalisée du continent③ ?

La vaccination.

Un élément pourrait remettre en question tout cet argumentaire, la vaccination. Depuis le début de la pandémie, les industries pharmaceutiques sont à pied d’oeuvre, et seulement un an plus tard, plusieurs vaccins ont été développés. Après les différents tests cliniques et les résultats encourageants observés, les campagnes de vaccination de la population ont débutés par les personnels de santé et les personnes les plus à risques. L’objectif étant de vacciner plus de 75% de la population afin d’atteindre l’immunité collective④.

A l’heure actuelle, les vaccins sont accaparés par les premières puissances mondiales :

  • 45% des personnes vaccinées dans le monde sont des ressortissants des pays du G7.

  • Sur un échantillon de 100.000 personnes vaccinées dans le monde, seulement 28 seraient africains (chiffres communiqués par l’ONU).

A titre d’exemple, le Canada a déjà commandé près de 400 millions de doses, de quoi administrer 10 doses de vaccins à chaque canadien.

Les premiers effets de la vaccination de masse sont visibles.

Variation du taux de mortalité en Afrique, en Europe, et en Amérique.

Variation du taux de mortalité en Afrique, en Europe, et en Amérique.

Le taux de mortalité a drastiquement baissé sur les autres continents alors qu’en Afrique il est en stagnation.

Espérons que le programme COVAX⑤ permettra à l’Afrique de s’approvisionner suffisamment en vaccins pour enrayer la dynamique actuelle de propagation du virus, qui est en hausse depuis le début de l’année.

Epilogue

En prenant en compte toutes ces données, la riposte africaine au coronavirus, ne doit pas être une copie des mesures prises en occident car les réalités géographiques, économiques, technologiques et sanitaires ne sont pas les mêmes. L’année 2020 sera la première année de récession sur le continent depuis 25 ans. La jeunesse du continent est en désarroi, bloqué entre le chômage et la fermeture des établissements & universités académiques.

Des solutions adaptées doivent donc être trouvées, et l’Afrique doit changer de paradigme de développement ; au risque de plonger nos sociétés dans des violences sans précédents né du ras-le-bol général de la population. Des violences comme celles survenues au Sénégal et qui comme toujours endeuille uniquement la populace.

Notes.

  1. Les thèses d’une création humaine du virus dans le laboratoire de Wuhan ou encore d’une apparition simultanément dans plusieurs autres régions du monde telles que la France et l’Italie sont, à ce jour encore évoquées et envisagées par la communauté scientifique internationale.

  2. La pollution atmosphérique entraîne chaque année la mort de 5 à 10 millions de personnes dans le monde, à cause de problèmes de santé aussi divers que les maladies cardiaques et pulmonaires ou le diabète.

  3. La population blanche sud africaine représente d’après le recensement de 2011, 8,9 % de l’ensemble de la population soit 4 586 838 de personnes.

  4. Plus la proportion de personnes immunisées augmente, plus le risque pour une personne non immunisée de rencontrer un malade et d’attraper sa maladie diminue. Au-delà d’un certain seuil, il devient impossible pour la maladie de se maintenir dans la population et elle finit par disparaître.

  5. COVAX : programme de l’OMS visant à accélérer la mise au point et la production de traitements et de vaccins contre la COVID-19 et à en assurer un accès équitable par tous les pays.

Sources.

  1. The major genetic risk factor for severe COVID-19 is inherited from Neanderthals

  2. Genomewide Association Study of Severe Covid-19 with Respiratory Failure

  3. The COVID-19 Host Genetics Initiative, a global initiative to elucidate the role of host genetic factors in susceptibility and severity of the SARS-CoV-2 virus pandemic

  4. Covid-19 : un fragment d’ADN hérité de Néandertal favorise les formes graves de la maladie

Bienvenu Kokou AGBAVON
Ecrit par Bienvenu Kokou AGBAVON Suivre
A Java Backend Programmer. IT Ingenior. Humanist blogger. African optimist